Au Au commencement était le mot
 

FEMMES DANS LA BIBLE (I)

La lutte est profonde

 

1.- On considère fréquemment la Bible comme un référent de la culture patriarcale où les protagonistes sont des hommes. Est-ce ainsi ? Comment apparaissent les femmes dans la Bible ? Quel rôle y jouent-elles ? La Parole de Dieu en vient-elle à dépasser la culture patriarcale ? Nous verrons l´expérience d´un certain nombre de femmes ; dans l´Ancien Testament, tout d´abord. Il y a là trente esquisses ou portraits. Toutes ne sont pas des histoires exemplaires, des histoires dont nous puissions tirer une leçon ou dont nous pourrions avoir l´expérience.

2.- Ève, « mère de tous les vivants » (Gn 3,20), n´est pas une figure historique. Elle fait partie du couple originel. Selon le projet de Dieu, l´homme et la femme sont appelés à former « une seule chair » (Gn 2,24) ; et cela, en situation d´égalité, dans un monde humain et habitable : « un jardin » (2,8) ; la relation entre les deux est harmonieuse, la communication est transparente : « Tous deux étaient nus... mais ils n´avaient pas honte l´un de l´autre » (2,25). La soumission de la femme ne fait pas partie du projet de Dieu, c´est l´oeuvre du péché humain (3,16), du mode de vie cananéen symbolisé par le serpent. La lutte est profonde : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme » (3,15).

3.- Sara est la femme d´Abraham (Gn 12, 29). Elle l´accompagne lorsqu´il quitte sa terre pour se diriger vers le pays de Canaan (12,5). Lors d´une période de famine, ils descendent en Egypte (12,10). Abraham dit à Sara : « Vois-tu, je sais que tu es une femme de belle apparence. Quand les Égyptiens te verront, ils diront : « C´est sa femme », ils me tueront et ils te laisseront en vie. Dis, je te prie, que tu es ma soeur » (12,11-13). Il se produit un quiproquo, et le pharaon la prend pour épouse (12,19). « Elle est vraiment ma soeur, la fille de mon père mais non la fille de ma mère, et elle est devenue ma femme », explique Abraham (20,12). Sara, qui est stérile (11,30), accepte d´avoir des enfants d´Agar, la femme esclave ; mais Agar, en constatant qu´elle est enceinte, la regarde avec mépris (16,4). Sara accouche d´Isaac : il n´y a rien d´impossible à Dieu (18,14). Finalement, Sara s´impose et dit à Abraham : « Renvoie cette servante et son fils » (21,9-10).

4.- Lot est le neveu d´Abraham, et il suit son oncle dans tous ses déplacements. En revenant d´Égypte, ils s´établissent dans le Négueb ; mais ils doivent se séparer à cause des problèmes qui surgissent entre leurs bergers respectifs. Abraham laisse son neveu choisir la meilleure terre, la vallée du Jourdain qui est à côté de Sodome ; quant à lui, il reste à côté du chêne de Mambré, à Hébron (13,1-18). Sans le savoir, Lot a choisi une terre qui se révèle catastrophique ; bien qu´elle ait été avertie, la femme de Lot est transformée en statue de sel pour avoir regardé en arrière, alors qu´il fallait fuir en toute hâte (19,26). Lot reste vivre dans la montagne avec ses deux filles. L´aînée dit à sa soeur : «  Il n´y a pas d´homme dans le pays pour s´unir à nous «  (19,31). Alors, elle font boire leur père et, après avoir couché avec lui, elles sont enceintes.

5.- Rébecca est fille de Bétuel, fils de Milka, et belle-soeur d´Abraham (Gn 24,15). Son mariage avec Isaac est célébré grâce à plusieurs médiations : la personne qui sert d´intermédiaire (Gn 24,2), la rencontre auprès du puits (24,17), la réunification familiale qui s´en suit : « Cela vient de Dieu » (24,50), la décision de Rébecca (24,58), la décision d´Isaac (24,67).

6.- Rachel est gardienne de troupeaux (Gn 29,9). Elle rencontre Jacob auprès du puits, et il se trouve qu´il est parent de son père. Elle va le lui dire en courant  (29, 11-12), et Jacob reste travailler chez son père qui s´appelle Laban. Celui-ci a deux filles : Léa, qui est l´aînée, et Rachel : « Jacob est amoureux de Rachel » (29,16-17). Mais le père use d´un stratagème pour lui donner les deux en disant: « Ce n´est pas l´usage, dans la contrée, de marier la plus jeune avant l´aînée » (29,26).

7.- Juda, fils de Jacob, épouse une Cananéenne. Ils ont trois fils. Le premier se marie avec Tamar, mais il meurt sans laisser de descendance. Conformément à la loi du Lévirat,(Dt 25,5), la veuve épouse le second. Celui-ci a des rapports avec elle, mais il évite d´avoir des enfants (Gn 38,9). Il meurt, lui-aussi. Alors, Juda dit à sa belle-fille : « Retourne comme veuve chez ton père, en attendant que mon fils grandisse » (38,11) ; il s´agissait du troisième. Le temps passe, et Juda reste veuf. Son fils était devenu grand, mais il ne le donnait pas à Rachel comme époux. Alors, Tamar quitte ses vêtements de veuve, se voile la tête, et s´assied au bord du chemin. Juda la voit, la prend pour une prostituée, et il a des rapports avec elle, en échange d´un chevreau. En gage, elle garde son sceau, son cordeau et le bâton qu´il a à la main (38,18). Au bout de trois mois, Juda vient à savoir que sa belle-fille est enceinte ; il dit alors : « Qu´elle soit amenée dehors et brûlée vive ! » (38,24). Mais, tandis qu´on l´amenait, elle envoie dire à son beau-père : « C´est de l´homme à qui appartient cela que je suis enceinte ». Et Juda le reconnaît (38,26).

8.- Joseph,fils de Jacob, avait été vendu comme esclave et acheté par l´Égyptien Potiphar. Il avait «une belle prestance et un beau visage » (Gn 39,6). La femme de Potiphar jeta les yeux sur Joseph, le saisit par son vêtement et lui dit : « Couche avec moi ! » (39,7). Mais lui, abandonnant le vêtement entre ses mains, prit la fuite et sortit (39,12). Quand son mari revint, le femme lui dit : « Cet esclave hébreu que tu nous as ammené m´a approchée pour badiner avec moi et, quand  j´ai élevé la voix et appelé, il a laissé son vêtement près de moi et il s´est enfui dehors » (39,17-18). Et le maître le mit en prison (39,21).

9.- Asnat est une femme non croyante, fille de Poti-Phéra, « cadeau de Ra », prêtre du culte solaire (Gn 41,45). Elle épouse Joseph et elle a deux fils. À la naissance du premier, elle dit : « Dieu m´a fait oublier toute ma peine et la famille mon père ». À la naissance du second : « Dieu m´a rendue féconde au pays de mon malheur » dit-elle (41,50-52). Surviennent alors sept années d´abondance et sept années de famine, mais Joseph avait prévu la crise et la gère : « Faites ce qu´il vous dira » dit le pharaon (45,53-55). Car, dans les entrepôts égyptiens, il y avait des réserves de blé.

10.- Un pharaon en vint à s´inquiéter de la croissance des Israëlites (Ex 1,8-10), et, aux travaux forcés furent ajoutés une mesure plus dure encore : les sages-femmes devaient faire mourir les enfants hébreux (1,16). La mère d´un nouveau-né cacha son enfant aussi longtemps qu´elle le put, puis, au bout de trois mois, elle prit une corbeille de papyrus qu´elle enduisit de bitume et de poix, elle y plaça l´enfant et le déposa dans les roseaux, sur la rive du Fleuve. La soeur de l´enfant était postée pour observer ce qui se passerait (2,3-4). La fille du pharaon sortit alors pour prendre son bain et aperçut le berceau entre les roseaux : éprouvant de la compassion pour lui, elle l´adopta et chargea la mère de l´enfant de le nourrir. On l´appela Moïse, car, disait-elle « je l´ai retiré des eaux » (2,9-10).

11.- Çippora, fille d´un prêtre de Madiân, est la femme de Moïse. Elle donne naissance à un fils qu´il appelle Gershom, car, dit-il, « étranger je suis, en terre étrangère » (Ex 2,16-21 ; 18,1). Miryam et Aaron murmurent contre Moïse à cause de la femme kushite qu´il a prise pour épouse , ils disent : « Yahvé ne parlerait-il donc qu´à Moïse ? Ne nous a-t-il pas parlé à nous aussi ? »   (Nb 12,1-2).

12.- Miryam, « la prophètesse, soeur d´Aaron » (Ex 15,29 ; voir Nb 26,59), célèbre le passage de la Mer Rouge en prenant un tambourin et toutes les femmes la suivent avec des tambourins en formant des choeurs de danse. Et Miryam entonne alors le refrain : « Chantez pour Yahvé, car il s´est couvert de gloire ; il a jeté à la mer cheval et cavalier. Ma force et mon chant, c´est le Seigneur: il est pour moi le salut ».

13.- Après la mort de Moïse, c´est Josué qui conduit le peuple vers la terre promise. Il envoie en secret deux hommes pour explorer le pays et la ville de Jéricho. Là, ils entrent dans la maison d´une prostituée nommée Rahab. Alors qu´ils ont été trahis auprès du roi, la femme les cache sur la terrasse de sa maison, sous des tiges de lin. Par la suite, elle leur dit : « Je sais que Yahvé vous a donné ce pays... Nous, nous avons appris que Yahvé avait mis à sec devant vous les eaux de la mer des Roseaux, à votre sortie d´Égypte... Jurez-moi donc, maintenant, que vous traiterez avec bonté la maison demon père » (Jos 2,1-13).

14.- Débora était prophètesse et juje en Israël. ; elle siègeait sous le palmier entre Rama et Béthel, dans la montagne d´Ephraïm : « Les Israëlites montaient vers elle pour obtenir justice » (Jg 4,5). Elle fait appeler Baraq, et elle lui dit : « Va, rassemble et prends avec toi dix mille hommes des fils de Nephtali » (4,6), « car c´est entre les mains d´une femme que le Seigneur livrera Sisera ». Cette femme, ce sera Yaël (4,21). Le cantique de Débora est un chant de victoire sur les ennemis ; il exalte les tribus qui ont répondu à l´appel de Débora et il prend à parti celles qui ne sont pas accourues à la rescousse : « « Eveille-toi, éveille-toi, Débora, entonne un chant !  Courage, debout, Baraq ! (5,12).

15.- Jephté est le chef d´une bande qui protège le territoire des ennemis qui l´envahissent. Pour  s´assurer que Dieu sera de son côté pendant une bataille, il fait la promesse suivante : « Quiconque sortira par la porte de ma maison pour venir à ma rencontre quand je reviendrai sain et sauf, celui-là appartiendra à Yahvé, et je l´offrirai en holocauste » (Jg 11,30-31). Quand il revient, c´est la fille de Jephté qui sort à sa rencontre en dansant au son des tambourins. Dès qu´il l´aperçoit, il déchire ses vêtements et s´écrie : « Ah ! ma fille, vraiment tu m´accables ! Tu es de ceux qui font mon malheur ! Je me suis engagé, moi, devant Yahvé, et ne puis revenir en arrière » (11,34-35). Et deux mois plus tard, il l´offre en holocauste (11,30).

16.- Anne est la mère de Samuel. Son mari a deux femmes. L´autre, appelée Peninna, a des enfants, mais Anne n´en a pas (1 S 1,2). « Sa rivale ne cessait de lui faire des affronts pour la mettre en colère » (1,6). « Quand elles montaient au temple, Peninna l´irritait. Anna pleurait beaucoup et ne voulait plus manger ». Pleine d´amertume, elle prie le Seigneur : « Si tu voulais bien voir la misère de ta servante et lui donner un petit garçon, alors, je le donnerais à Yahvé pour toute sa vie (1,11). Anne conçoit un fils qu´elle appelle Samuel « car, dit-elle, je l´ai demandé au Seigneur » (1,20). Et elle prononce alors cette prière : « Mon coeur exulte en Yahvé » » (2,1).

17.- Jézabel, princesse phénicienne, épouse Achab, roi d´Israël (874-863). Elle convainc son mari d´abandonner le Dieu d´Israël et d´ériger en Samarie un temple consacré à Baâl (1 R 16,33). Quatre cent cinquante faux prophètes mangent à la table de Jézabel (18,19). Alors qu´une longue période de sécheresse ravage le pays, le prophète Élie, réfugié dans une grotte de l´Horeb, se plaint devant Dieu : « Les Israëlites ont abandonné ton alliance, ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l´épée ; je suis resté moi seul, et ils cherchent à m´enlever la vie » (19,10).

18.- Dans la région de Sidon, une femme restée veuve et qui ramassait du bois, la veuve de Sarepta, donne à manger au prophète Élie. C´est une époque de famine. Et le prophète annonce à la veuve : « Jarre de farine ne s´épuisera, cruche d´huile ne se videra, jusqu´au jour où Yahvé enverra la pluie sur la face de la terre » (1 R 17,14). Plus tard, le fils de la veuve tombe malade et ne respire plus : la prière d´Élie lui rend la vie (17,20).

19.- Une femme de la communauté des prophètes, la veuve de l´huile, dit à Élisée : « Mon mari est mort. Le prêteur sur gages est venu prendre mes deux enfants pour en faire ses esclaves. Ta servante n´a rien du tout à la maison, sauf un flacon d´huile » (2 R 4,1-2). Élisée avertit les voisines qu´elles se présentent avec des vases. Et l´huile se multiplie... Et le prophète de dire à la veuve : « Va vendre ton huile, tu rachèteras ton gage, et vous vivrez du reste, toi et tes fils ! » (4,7).

20.- Une femme shunamite avait invité Élisée à déjeuner. Elle lui offre aussi une chambre haute où il peut demeurer. Un jour, le prophète enjoint à son serviteur de lui dire: « Tu t´es donné tout ce souci pour nous. Que peut-on faire pour toi ? ». Mais elle répond : « Je vis au milieu des miens ». Et le serviteur de commenter : « Elle n´a pas de fils et son mari est âgé ». Alors, Élisée lui annonce : « En cette saison, l´an prochain, tu tiendras un fils dans tes bras » (4,8-16).

21.- Hulda est une femme mariée qui habite Jérusalem. Elle est considérée comme une prophétesse. Lors de travaux dans le temple, elle découvre le manuscrit perdu, « le livre de la Loi » (2 R 22,8). Le roi Josias (640-609) envoie alors le grand-prêtre Helcías et d´autres hommes, pour qu´ils consultent Hulda sur la volonté de Dieu « à propos des paroles de ce livre qui vient d´être retrouvé » (22,13). La prophétesse leur répond : « Ainsi parle Yahvé . Je vais amener le malheur sur ce lieu et sur ses habitants... parce qu´ils m´ont abandonné et qu´ils ont sacrifié à d´autres dieux, pour m´irriter par leurs actions » (26,16-17).

22.- Une famille de Bethléem qui fuyait la famine s´installa à Moab. Là, moururent le mari de Noémi , ainsi que ses deux fils, mariés à des femmes moabites, Ruth et Orpa. Noémi décida de rentrer dans son pays, mais Ruth l´accompagna : « Où tu iras, j´irai ; où tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu » (Rt 1,16). Au temps de la moisson, Ruth glanait des épis derrière les moissonneurs ; et c´est ainsi qu´elle rencontra Booz (4,13). Ils eurent un fils appelé Obed, père de Jessé et grand-père de David (4,17).

23.- David épousa Mikal, fille de Saül (1S 18,27). Devenu chef de bande, il demandait une récompense à ceux qu´il protègeait. Il y avait à Karmel un homme très riche, qui possédait trois mille brebis et mille chèvres ; l´homme s´appelait Nabal, et sa femme Abigayil « pleine de bon sens et belle à voir » (25,10). À leur arrivée, les hommes de David le saluèrent, mais Nabal répondit : « Qui est David, et qui est le fils de Jessé ? Aujourd´hui, nombreux sont les serviteurs qui s´évadent de chez leurs maîtres » (25,10). En apprenant cela, David se mit en colère et partit avec ses hommes pour tuer Nabal. Informée de ses projets, Abigayil partit à sa rencontre : « Que la faute retombe sur moi... Que Monseigneur ne fasse pas attention à ce vaurien de Nabal », lui dit-elle (25,,24-25). Quelques jours plus tard mourait Nabal ; et David, quand il l´apprit, proposa à Abigayil de devenir sa femme. Il prit aussi comme épouse Ahinoam (25,43).

24.- Il arriva qu´un soir, en se promenant sur la terrasse de la maison du roi, David aperçut une femme qui se baignait. C´était Bethsabée, la femme d´Urie le Hittite, et elle était très belle. Alors, il envoya des émissaires pour la prendre, et il coucha avec elle. Quand David fut informé qu´elle était enceinte, il ordonna qu´Urie soit placé en première ligne, au plus fort de la bataille; et il mourut (2 S 11). Mais, comme le prophète Natân lui reprochait son crime, David le reconnut : « J´ai péché contre Yahvé ! »(1 S 12, 1-15).

25.- Dans le livre de Tobie, deux histoires se déroulent en parallèle : celle du vieux Tobit (Tb 1,1), déporté à Ninive lors de la déportation du Royaume du Nord (722 av.JC), qui est devenu aveugle et qui a un fils appelé Tobie ; et celle de la jeune Sarra, malheureuse en amours et dont un démon (Asmodée) faisait périr les maris. Le vieil  homme et la jeune fille, à des endroits très lointains l´un de l´autre, demandent tous deux à Dieu qu´il les fasse mourir (3,6 et 3,15). Ils ne se connaissent pas, mais Dieu fait converger leurs destins, de telle sorte qu´il se produit un heureux dénouement (3,16-17). Tobit s´étant souvenu d´une somme d´argent qu´il devait récupérer dans un pays lointain (4,1), il y envoie Tobie qui rencontre ainsi Sarra (10,1-14). Un homme, qui cherche du travail, l´accompagne et l´aide (5,5-17).

26.- Judith était veuve, « très belle et d´aspect charmant ... et il n´y avait personne qui pût lui reprocher quoi que ce soit » (Jdt 8,7-89). Au cours d´un siège, elle s´ était introduite dans les lignes du général assyrien Holopherne en simulant une désertion , et le général, sous l´effet de son charme, donna un banquet en son honneur. « Il but une telle quantité de vin qu´en aucun jour de sa vie, il n´en avait autant absorbé » (12,20). Quand il se fit tard, «  Judith fut laissée seule  dans la tente avec Holopherne, effondré sur son lit et noyé dans le vin » (13,2). Elle le décapita et remit la tête à sa servante qui la cacha dans les paniers des provisions. A l´heure de la prière, elles sortirent toutes les deux et, ayant traversé le camp ennemi, elles se présentèrent dans la ville, qui se trouva ainsi libérée du siège (13,6-10).

27.- À la messe de la rencontre Mondiale des Familles (Valencia, 9-07-2006), on n´a pas lu les lectures du dimanche. On y a lu un passage d´Esther, livre écarté par le Nouveau Testament. Au cours de l´homélie, le Pape parla ainsi : « Esther avait reçu de ses parents, outre le souvenir de ses ancêtres et de son peuple, celui d´un Dieu duquel tous procèdent et auquel tous sont appelés à répondre ». Et cependant, Esther n´était pas précisément un exemple de vie familiale : elle faisait partie du harem royal (Est 2,9) et occupait, de ce fait, la place de la reine Vasthi, répudiée par son mari, le roi Assuérus (4,12). C´est à cause de cette fonction qu´elle fit libérer son peuple de l´ordre d´extermination qu´avait lancé le premier ministre Aman  contre le peuple hébreu (7,10).

28.- La mère des Maccabées, qui voit mourir ses sept fils en un seul jour, souffre avec courage et met son espoir dans le Seigneur. Elle leur dit : « Je ne sais comment vous êtes apparus dans mes entrailles ; ce n´est pas moi qui vous ai fait cadeau de l´esprit et de la vie ; ce n´est pas moi qui ai organisé les éléments qui composent chacun de vous. Aussi bien, le Créateur du monde vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l´esprit et la vie, parce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes pour l´amour de ses lois » (2 M 7, 22-23).

29.- La femme du Cantique des Cantiques est la Sulamite (Ct 7,1), originaire, peut-être, de la ville palestinienne de Sunem, aujourd´hui Solem. Elle se présente elle-même. « Je suis noire, et pourtant belle ... Ne prenez pas gerde à mon teint basané, c´est le soleil qui m´a brûlée. Les fils de ma mère se sont emportés contre moi, ils m´ont mise à garder les vignes. Ma vigne à moi, je ne l´avais pas gardée ! (1,5). D´une certaine manière, elle reste inaccessible : « Un jardin bien clos...  Une source scellée » (4,12).  Elle vit l´engagement qui naît de l´amour : « Mets-moi comme un sceau sur ton coeur » (8,6).

30.- Suzanne était une femme mariée : «D´une grande beauté, elle craignait Dieu » (Dn 13,2). Deux vieillards, qui avaient été nommés jujes à Babylone, la désiraient et cherchaient le moment opportun pour la surprendre seule et abuser d´elle. Alors qu´ils étaient à l´affût, et que Suzanne était sortie pour prendre son bain dans son jardin, ils la menacèrent en lui disant : « Donne-toi à nous ! Si tu refuses, nous nous porterons témoins en disant qu´un jeune homme était avec toi » (13,21). Mais Suzanne leur répondit : « Si je cède, c´est pour moi la mort ; si je résiste, je ne vous échapperai pas. Mais mieux vaut pour moi tomber innocente entre vos mains que de pécher à la face du Seigneur » (13,23). Le prophète Daniel prit alors la défense de la femme en faisant dire à chacun des vieillards individuellement sous quel arbre il les avait vus ensemble : « Sous un acacia » répondit l´un ; et « Sous un tremble », répondit l´autre... (13,51-59).

31.- Le Livre des Proverbes fait l´éloge de la femme parfaite : « Une femme complète, qui la trouvera ? Elle a bien plus de prix que les perles. En elle a confiance le coeur de son mari, il en tirera son soutien. Elle fait son bonheur et non son malheur, tous les jours de sa vie. Elle cherche de la laine et du lin, et elle les travaille d´une main diligente… C´est avec sagesse qu´ elle  parle ; dans ses paroles, une leçon d´amour… Tromperie que la grâce ! Vanité, la beauté ! La femme qui craint le Seigneur, voilà celle qu´il faut louer ! Félicitez-la pour le résultat de son travail, et qu´on commente ses succès sur la place ! » (Pr 31,10-30).

* Dialogue :

- La Bible est-elle un référent de la culture patriarcale

- Comment y apparaissent les femmes ? Quel rôle y tiennent –elles ?

- La Parole de Dieu dépasse-t-elle la culture patriarcale ?

- Quelles leçons en tirons-nous ?

- Quelle expérience avons-nous ?