Au Au commencement était le mot
 

1.      L´expérience de foi implique joie, paix, bonheur. Elle se réfère au sens le plus profond de notre vie. Et en même temps, nous pouvons reconnaître la présence du Christ dans cette paix que le monde ne peut nous donner, dans cette joie que personne ne peut nous enlever. Celui qui n´a pas fait l´expérience de cette paix et de cette joie, on peut se demander si réellement il a vécu une expérience de foi.

2.      Dans la Bible, est exprimé en termes concrets le bonheur qui attend celui qui écoute la parole de Dieu: Bénis sois-tu dans la ville, bénis sois-tu à la campagne, bénis soient le fruit de ton sein, le fruit de ta terre, le fruit de ton bétail, les petits de tes bêtes; bénis soient  ta corbeille et tes biens  (Deut 28,3-5).

3.      Ce caractère concret du bonheur suppose que, au-moins un minimum de biens matériels est nécessaire pour le réaliser. C´est dans cette perspective que se situe la prière du sage, qui elle-même anticipe la demande du Notre Père: ne me donne ni richesse ni pauvreté, accorde-moi ma ration de pain (Prov 30,8).

4.      Un minimum de biens est nécessaire, mais il ne suffit pas pour parvenir au bonheur. L´homme, livré à lui-même, ne peut dominer son propre coeur, ni contrôler ce qui est source de bonheur, de joie, de paix. L´homme ne peut être à la fois comme Dieu, et sans Dieu (Gn 3,5). Au-contraire, comme l´a dit Saint Augustin, l´homme a besoin de Dieu: Tu nous as faits, Seigneur, pour Toi, et dans l´inquiétude est notre coeur tant qu´il ne trouve pas le repos en Toi (Confessions 1,1,1).

5.      Dans les psaumes, on chante la joie de la connaissance vivante de Dieu: Nombreux sont ceux qui disent: Qui nous fera voir le bonheur? Fais apparaître sur nous la lumière de ton visage!  Tu as donné, Seigneur, à mon coeur, plus de joie qu´il n´y en a quand abondent le blé et le vin nouveau (Ps 4,7-8). Et aussi: Moi, je mets ma joie dans le Seigneur (Ps 104,34), Il est le Dieu de ma joie (Ps 43,4).

6.      La joie de la connaissance vivante de Dieu trouve son centre dans la Bonne Nouvelle de Jésus. Jésus annonce l´arrivée du Royaume de Dieu au-milieu de félicitations, de souhaits de bonheur: Heureux, heureux, heureux... (Mt 5,3-12). C´est la joie de ceux qui entrent maintenant, et dès maintenant-même, dans le Royaume de Dieu (Lc 19,9), ou de ceux qui y travaillent (Lc 10,17), joie qui fait contraste avec la tristesse du jeune homme riche (Mt 19,22). C´est la joie qu´éprouve Jésus avec les enfants qui s´approchent de lui (Mc 10,16), avec l´accueil donné à la Parole (Mt 8,10), le pardon de la femme pécheresse (Lc 7,47) ou du publicain (Lc 18,14), la générosité de la veuve (Lc 21,4), la manifestation du Royaume de Dieu aux simples (Mt 11,15), l´annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres, du retour à la vue pour les aveugles, de la liberté pour les opprimés (Lc 4, 18).

7.      La joie du disciple qui a trouvé le trésor caché est une joie débordante. À un point tel que tout le reste devient subordonné à cette découverte: Le Royaume de Dieu est semblable à un trésor caché dans un champ: celui qui le trouve le recache à sa place, et, plein de joie, va vendre tout ce qu´il possède pour acheter ce champ (Mt 13,44). Dans chacune de ces actions ( aller, trouver, revenir, acheter), nous pouvons reconnaître les différents moments de notre propre histoire.

8.      La joie de ce disciple est sous-jacente à toutes les décisions, et même à tous les renoncements. Elle affleure aussi au-milieu des insultes et des persécutions: heureux serez-vous quand on vous outragera, on vous persécutera et on dira mensongèrement contre vous toute sorte de mal, à cause de moi. Soyez dans la joie et l´allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux; c´est ainsi, en effet, qu´on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés (Mt 5,11-12; cf. Ac 5,41).

9.      La joie du disciple devient débordante quand il découvre la force du Royaume de Dieu en action, le pouvoir de la Bonne Nouvelle qu´il annonce: Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom! (Lc 10,17). Jésus leur recommande de se réjouir pour une raison plus importante, parce que leurs noms sont écrits dans les cieux (10,20).

10.  Jésus se réjouit de ce que la Bonne Nouvelle se manifeste à ceux qui, en apparence, ne pourraient pas comprendre, les simples: je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d´avoir caché cela aux sages et aux intelligents, et de l´avoir révélé aux gens simples (10,21). Et, revenant vers ses disciples, il leur dit à part: Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, vous, et ils ne l´ont pas vu; entendre ce que vous entendez, et ils ne l´ont pas entendu (10,23-24).

11.  La joie de l´Evangile jaillit face au changement que suppose la conversion. C´est la joie du berger qui retrouve la brebis qu´il avait perdue (Lc 5,4-7), ou celle de la femme qui retrouve l´argent égaré (15,8-10), ou celle du père qui célèbre la joie du retour du fils qui était parti (15,11-32). Cette joie, on la ressent aussi au ciel: Je vous le dis, il y aura, dans le ciel plus de joie pour un seul pècheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n´ont pas besoin de conversion (15,7).

12.  La joie du disciple jaillit aussi face à la persécution et à la croix. Et elle jaillira même après la mort du Christ. Ce sera comme un accouchement. Alors, la tristesse se transformera en joie. Ils éprouveront la joie incroyable (difficile à croire) de la résurrection (Lc 24,41), une joie que personne ne poura leur ravir: la femme, quand elle enfante, est triste parce que son heure est venue; mais quand elle a donné le jour à l´enfant, elle ne se rappelle plus la difficulté, dans la joie de ce qu´un homme est né au monde. Vous-aussi, vous êtes tristes maintenant, mais je reviendrai vous voir, et votre coeur se réjouira, et votre joie, personne ne pourra vous la ravir (Jn 16,20-22).

13.   Pour ceux qui croient en Jésus, la joie est totale (Jn 17,13). Joie et paix sont une seule et même réalité. Jésus donne une paix que le monde ne peut donner. Comme adieu, Jésus dit, lors de son dernier repas: je vous donne la paix, je vous donne ma paix; je ne vous la donne pas comme le monde la donne (Jn 14,27). La paix est l´un des signes de la présence du Christ Ressuscité, son salut personnel: La paix soit avec vous (Jn 20, 19).

14.  La joie et la paix sont fruits de l´Esprit (Ga 5,22),  une marque caractéristique du Royaume de Dieu (Ro 14,17). La première communauté chrétienne vit dans une joie simple (Ac 2,46); la prédication de la Bonne Nouvelle est partout source de grande joie (8,8); le baptême remplit les croyants d´une plénitude qui vient de l´Esprit (13,62); on partage avec joie, pour que personne ne soit dans le besoin (2 Co 9,7).

15.  En fin de compte, la raison la plus profonde de notre joie, celle qui les résume toutes, c´est celle qu´André ne peut taire, et qu´il communique à son frère Simon Pierre: Nous avons trouvé le Christ (Jn 1,41).

 

Et nous: Avons-nous trouvé ce que nous cherchions, le trésor enfoui dans le champ?